mercredi 2 avril 2008

Union Station, Washington


Initiative privée vs Intervention publique. Les chemins de fer sont nés de l’initiative privée, grâce à Richard Trevithick et George Stephenson, et bien d’autres après eux. On ne conçoit pas que l’Etat, surtout à cette époque, vers 1800-1820, ait pu lancer une telle innovation. Il fallait pour cela des individus astucieux et motivés, les mêmes entrepreneurs-innovateurs que ceux qui ont lancé la révolution industrielle un demi-siècle avant, vers 1760. Il s’agit bien sûr d’une rupture, d’une innovation majeure, la première fois de son histoire que l’homme va dépasser pour se déplacer sur terre la vitesse d’un cheval au galop (15 km/h en moyenne). Les armées de Jules César se déplacent ainsi à la même vitesse que celles de Napoléon… Depuis que le cheval a été domestiqué, dans les steppes de l’Europe ou de l’Asie centrale, à une époque indeterminée de la fin de la préhistoire, il y a plus de sept mille ans, aucun progrès sur la vitesse n’a été fait dans ce domaine. Arrive James Watt avec sa machine à vapeur en 1763, et surtout Richard Trevithick qui a l’idée de mettre l’engin sur des roues, en 1800 (”Catch me who can!”), et tout s’accélère, jusqu’à nos TGV, automobiles, Airbus et navettes spatiales actuels. Aucun fonctionnaire n’aurait eu l’idée d’une pareille invention, une rupture totale, comme le dit Schumpeter : “Ajoutez autant de carosses les uns derrière les autres que vous voulez, vous n’obtiendrez jamais un chemin de fer !“.
Pourtant l’explosion de la construction des voies et des lignes en Europe et en Amérique, dans les années 1830-1850, du fait de sociétés privées, a donné lieu à nombre de dysfonctionnements, d’incohérences et de gaspillages. Ainsi, des compagnies ferroviaires en Angleterre construisent des voies avec des écartements différents, les raccordements sont impossibles, les trains des uns ne peuvent circuler sur les voies des autres… Ainsi les gares se comptent par dizaines à Londres, donnant lieu à des ruptures de charges nombreuses, coûteuses et inutiles pour les marchandises, alors que trois ou quatre suffiraient. L’Etat a bien dû intervenir, pour réguler et normaliser tout cela, avant même de nationaliser dans certains cas, comme en France avec la SNCF en 1938 ou les Etats-Unis avec Amtrak en 1971 pour le transport des passagers.
Aux Etats-Unis, si tant de gares s’appellent Union Station, dans les grandes villes, c’est exactement pour cela. Pour éviter la multiplication de gares construites par différentes sociétés de chemins de fer, on a procédé à des unions, pour limiter leur nombre, et fournir une même gare à différentes compagnies. La Union Station, comme celle de Washington, vient de cette nécessité.
Magnifique gare en réalité, immense et tout en marbre, rénovée en 1988, à la fois le départ pour la conurbation s’étendant jusqu’à Boston, un centre commercial ouvert jour et nuit, complexe cinéma, et un bâtiment historique.

Colomb

Affiches Amtrak