mardi 4 septembre 2007

Frontières mongoles


On a oublié en Europe combien c’est miraculeux d’avoir plus d’une vingtaine de pays où on peut circuler librement, sans grand contrôle aux frontières. Quand vous quittez la Russie, pour entrer en Mongolie puis en Chine, ce n’est pas exactement la même chose. On passe des heures avec la paperasse et les fouilles, non seulement à l’entrée, mais à la sortie. Premier arrêt au poste contrôle russe pour sortir, plusieurs heures, deuxième à l’entrée en Mongolie, idem. Après avoir traversé la Mongolie, trois fois la France quand même, rebelote, il ne suffit pas du poste contrôle à l’entrée en Chine, mais aussi de la sortie de Mongolie : à chaque fois, passeport, fiche d’entrée ou de sortie, déclaration de devises et de douanes, attestation de santé (assurance qu’on n’a pas rencontré un poulet dans les six derniers mois… Prise de température prévue, sauf que là ils ont laissé tomber…). En outre, en Chine, le train doit changer de boogies (écartement des voies différent), on rentre dans des immenses hangars, les wagons sont soulevés par des crics énormes, avec les passagers dedans, interdit de sortir, et on change les roues en deux heures. La Russie du tsar a choisi un écartement différent de l’Europe (le même en Mongolie), sans doute pour ne pas se faire envahir trop facilement (tiens au fait, comment Hitler a fait en 1941, avec l’opération Barberousse, il y a sûrement un spécialiste d’histoire militaire qui pourra nous renseigner), et en Chine on a la largeur standard. Donc à chaque train qui arrive ou qui sort, même galère. Tous ces contrôles tatillons devaient être la norme en Europe dans l’entre-deux-guerres. Cela nous rappelle à quel point Frédéric Bastiat était un prophète, avec son “chemin de fer négatif” et son histoire du tunnel : les hommes construisent un magnifique tunnel sous les Alpes pour mieux communiquer, échanger, mais à peine l’ont-ils fini qu’ils s’empressent de mettre des contrôles aux deux bouts, aux frontières, pour mieux ralentir ce qu’ils voulaient accélérer… Là, ce sont des tas d’emplois pour ces contrôles idiots, qui sont consacrés à des activités inutiles, improductives, stériles. Heureusement, la leçon de Bastiat a porté, et entre la France et l’Italie, plus question de ces absurdités. Le douanier russe par exemple, une jolie jeune femme - impeccable dans son uniforme, mais froide comme la glace, genre acolyte du méchant de James Bond dans “Bons baisers du Russie” (From Russia with Love) -, s’approche de notre compartiment pour les passeports. Elle regarde, et Ô surprise, nous sort dans un français parfait : “Sortez du compartiment s’il-vous-plaît…” Un homme de main entre aussitôt, muni de diverses clés, et se met à grimper et démonter le plafond, histoire de voir qu’on n’avait pas mis les plans des dernières fusées pour vendre aux Chinois… Dans un train bondé de touristes occidentaux venus pour s’éclater, bon. Après un quart d’heure vingt minutes, il remonte tout et sort, laissant par terre deux ou trois rondelles… Au poste frontière en Russie, les passagers passent le temps en jouant au frisbee, spectacle surréaliste dans ces confins de la Sibérie et de la Mongolie. Même l’employé chinois d’un wagon participe . Traversée de la Mongolie, au nord c’est vert et riant, mais après Oulan-Bator, c’est le désert de Gobi, et ses villages sinistres le long de la ligne, un peu l’univers de Mad Max, désolé, cassé, vide, terrible. La plupart des voyageurs descendent à Oulan-Bator, pour se balader en Mongolie, à cheval et dans les yourtes, une destination très en vogue en ce moment, avant de reprendre le train quelques jours ou semaines après pour la Chine. La capitale est horrible, les Soviétiques ont fait un massacre, des industries lourdes en plein milieu dans un pays qui ne demandait qu’à vivre du tourisme, avec des atouts fabuleux pour ça.
Le wagon restaurant est superbe en Mongolie, on en change à chaque pays traversé, russe en Russie, mongol en Mongolie, chinois en Chine.
Un compartiment international, nippo-anglo-franco-chinois
A new friend in China Next

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bonjour,
Voici une idée de lecture pour prolonger le voyage en Mongolie : J’ai parcouru 6 000 kilomètres à pied en Mongolie, où j’ai vécu un an et demi. Je vous informe de la parution du livre Sous les yourtes de Mongolie, Avec les Fils de la steppe, publié par les éditions Transboréal. C’est le récit de mes expéditions et séjours auprès des éleveurs nomades. Le texte est illustré par 120 photos couleurs et enrichi de réflexions sur la culture mongole et l’avenir du nomadisme.

Lire des extraits : www.transboreal.fr (onglet Catalogue, rubrique Sillages)
Voir des photos : www.transboreal.fr (onglet Galeries, rubrique Pays)
Découvrir l’auteur : www.transboreal.fr (onglet Auteurs)
Acheter un exemplaire, postez votre adresse et un chèque de 26 euros (22,50 euros + 3,50 euros de port) à Transboréal (23, rue Berthollet 75005 Paris − 01 55 43 00 37) ou commandez-le chez votre libraire.

Cordialement,
Marc Alaux

6:21 AM  
Blogger ML said...

Merci et bravo pour votre exploit, 6000 km à pied en Mongolie, wow ! Quelle impression générale en avez-vous tiré ?

5:01 PM  

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