jeudi 6 septembre 2007

MPA


Marx n’a jamais mis les pieds en Chine, ni en Inde, malgré ses pages inspirées sur la transformation de cette dernière par les impérialistes et industriels anglais (”La première et en fait la seule révolution sociale que l’Asie ait connue“), mais il ne s’est guère trompé avec son Mode de Production Asiatique, le fameux MPA. C’est en tout cas l’idée qui vient à l’esprit lorsqu’on visite les tombeaux des Ming, près de Pékin.
Marx avait cette fameuse vision linéaire de l’évolution des sociétés, un mode de production succédant à un autre, toutes les sociétés passant par peu ou prou les mêmes phases, de la communauté primitive de la préhistoire (solidarité et appropriation collective dans la tribu, rivalités entre les tribus), au MPA (société hiérarchisée, organisation pyramidale, autorité centrale absolue, appropriation collective des moyens de production, ie la terre), puis société esclavagiste, société féodale, capitalisme, et enfin socialisme, pour déboucher sur la société idéale, délivrée de l’aliénation et l’exploitation, le communisme.
Le mode de production asiatique, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas une dénomination géographique, il ne se limite pas à l’Asie. Il se trouve que la Chine en a été pendant des millénaires le meilleur exemple, d’où son nom, mais on le trouve aussi bien dans l’Egypte des Pharaons, les sociétés incas, mayas, aztèques, les empires Moghol en Inde, etc. Les tombeaux des Ming, répartis dans une immense vallée adossée à la montagne, non loin de la capitale de l’Empire du Milieu, en donnent une bonne idée. La centralisation et la hiérarchie se retrouvent, avec l’empereur et les castes : les mandarins de différents niveaux, les généraux, les soldats, la centralisation. La pyramide, commune à nombre de ces civilisations (Egypte, Mayas, Aztèques) ne serait finalement qu’une représentation symbolique de la société elle-même : l’idéal étant ainsi résumé, depuis le chef (empereur, Pharaon, Grand Inca, Grand Moghol) au sommet, jusqu’aux basses classes à la base, en passant par tous les échelons intermédiaires (scribes, guerriers, administrateurs, commerçants, etc.). Pas de pyramide en Chine, mais la magnificence des tombeaux, et les tumulus où les empereurs sont enterrés, pas encore tous fouillés d’ailleurs, de peur d’une expostion à la lumière qui ferait tout disparaître en poussière. On attend que les techniques évoluent suffisamment pour risquer ces interventions délicates, semble-t-il.
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