vendredi 21 décembre 2007

Une idée bizarre


Réformer l’université en France, quelle idée bizarre… Qui a besoin de campus de ce type, avec des vues aussi sinistres que celles-là , un site aussi moche , une absence quasi totale de services, de restaurants et de librairies, des installations sportives aussi minables si peu de bibliothèques et si délabrées , et si peu de choses à faire et à acheter ?
Gardons nos belles universités du tiers monde, soutenons Bruno Julliard, dirigeant de l’UNEF, et ses potes, soutenons les partis de gauche, les syndicats progressistes, qui ne veulent rien changer, appuyons les manifestations à l’occasion de chaque tentative de réforme. Ils ont bien raison. Après tout, quand on a créé la Sorbonne au Moyen Âge, quand on a toujours les meilleures universités du monde, aux dires des classements internationaux, pourquoi changer ?

Lire plus...

vendredi 14 décembre 2007

Vancouver


L’avion de China Eastern Airlines, une compagnie basée à Shanghai, vous emmène à travers le Pacifique vers les côtes de l’Amérique. Vous partez dans l’après-midi et vous vous éloignez à toute vitesse du soleil, si bien qu’au lieu de se coucher vers 20h, comme vous y étiez habitué en Asie, il disparaît derrière l’horizon des nuages dès 17h. Et comme maintenant vous vous en rapprochez à toute allure, mais de l’autre côté, il se lève bientôt, très vite… à 22h. Ainsi dans la même journée, vous avez assisté à deux levers de soleil et un coucher ! Encore trois heures et vous voilà arrivé, à une heure du matin pour vous, mais en fait 10h à Vancouver. En Colombie britannique, il y a pas mal de neige en plein été, sur les sommets . Alors que le Fujiyama, plus élevé, ne garde que quelques traces, c’est dire l’humidité ici, le climat est frais, c’est celui de Brest avec des Alpes. La ville de Vancouver est située dans une baie splendide . Les gratte-ciel n’ont rien d’impressionnant, comparés à Hong Kong ou Shanghai, ou même Tokyo . On retrouve des voiliers, si rares en Chine ou au Japon. Et des châteaux de sable, du monde sur la plage, des “artistes” qui jouent avec les rochers, des phoques sur les îlots . L’université, une ville dans la ville, a des installations superbes . Longue discussion avec nos amis trolls au café , ils étaient tous là !
Les quartiers et les librairies sont sympas , on y échange aussi les livres d’occasion, mais ils n’ont voulu que du dernier Harry Potter, pas du gros guide sur le Japon en français, va savoir pourquoi…
La Chine est en avance sur le Canada , mais après tout c’est normal, quand on a une idéologie égalitaire et qu’on s’y tient, on ne peut faire que des progrès…
Les taxis sont des Prius , les boutiques écolos et « commerce équitable » . Les gens se font ici comme en Europe complètement avoir par cette histoire bidon de commerce “équitable”, mais ça ne fait rien, ça fait chic et branché. Le magasin joue sur la crédulité et la mauvaise conscience des consommateurs, en leur vendant toutes sortes de produits assurés biologiques, authentiques, équitables, citoyens pourquoi pas dirait-on en France… Il s’appelle même Community Market, alors qu’il s’agit d’un commerce comme un autre. Encore un peu, ce serait le magasin collectif, communiste ou kolkhozien, mais pour snobs et bobos canadiens ! Le culot du capitalisme est incroyable, un commerce dont le but est de faire du profit, réalise justement ce profit en se faisant passer pour communautaire, en utilisant la méfiiance des gens à l’encontre du commerce et du profit eux-mêmes !
Près de Vancouver, vers Horseshoe Bay : Les rêveries du blogueur solitaire Next

Lire plus...

Façades Est, façades Ouest


Températures annuelles à Pékin, Vancouver, New York et Paris. Après avoir sué pendant des semaines sous les températures suffocantes de l’extrême-Orient - jusqu’à 47° à Shanghai -, vous arrivez sur la côte Pacifique de l’Amérique, et vous trouvez des températures tempérées, dans les 20-25° à Vancouver en plein été. Vingt degré de moins !
C’est l’occasion de s’interroger sur les différences de climat entre les façades Ouest de continents, et leurs façades Est. Des écarts faibles entre l’été et l’hiver sur les façades Ouest (Europe par exemple, façade Ouest du continent eurasiatique, Amérique de la côte ouest), des hivers doux et des étés frais, et d’autre part les façades Est, avec des écarts extrêmes, des hivers rudes et des étés très chauds (Chine, Japon, côte Est de l’Amérique). Cela tient-il à la rotation de la Terre, à des histoires de courants marins frais ou chauds, à quoi d’autre, et pourquoi ?
NB Températures annuelles, Pékin, Vancouver, en haut. New York, Paris, en bas. Idem pour San Francisco et Londres, Tokyo ou Boston.
Next

Lire plus...

Remonter le temps


Quand on voyage vers l’est, à l’inverse de Magellan, de l’Asie à l’Amérique, on gagne un jour en passant la date line. Ainsi, si vous partez l’après-midi du Japon, vers le Canada, vous allez y arriver le matin du même jour… Parti le deux août vers 15h, vous arrivez le deux août vers 10h, vous avez remonté le temps. Vous avez envoyé un mail à vos amis en France de l’aéroport de Narita l’après-midi, c’était le matin pour eux. Vous les retrouvez à Vancouver à votre arrivée, onze heures se sont écoulées, c’est le soir pour eux, mais vous êtes passé dans leur matin… C’est le mystère de la ligne de changement de date, difficile à concevoir, même aux esprits les plus cartésiens. Le mystère qui a perturbé les compagnons de Magellan (qui eux ont perdu un jour à leur arrivée, partis vers l’ouest, passé le détroit qui porte leur nom depuis, perdu aussi deux bateaux, puis le commandant lui-même, quelque part aux Philippines, arrivés enfin après un voyage de trois ans autour du monde, le premier), et aussi bien sûr Phileas Fogg, le héros de Jules Verne, qui lui a gagné un jour, et son pari grâce à ça :
“Phileas Fogg avait, « sans s’en douter », gagné un jour sur son itinéraire, — et cela uniquement parce qu’il avait fait le tour du monde en allant vers l’est, et il eût, au contraire, perdu ce jour en allant en sens inverse, soit vers l’ouest. En effet, en marchant vers l’est, Phileas Fogg allait au-devant du soleil, et, par conséquent les jours diminuaient pour lui d’autant de fois quatre minutes qu’il franchissait de degrés dans cette direction. Or, on compte trois cent soixante degrés sur la circonférence terrestre, et ces trois cent soixante degrés, multipliés par quatre minutes, donnent précisément vingt-quatre heures, — c’est-à-dire ce jour inconsciemment gagné. En d’autres termes, pendant que Phileas Fogg, marchant vers l’est, voyait le soleil passer quatre-vingts fois au méridien, ses collègues restés à Londres ne le voyaient passer que soixante-dix-neuf fois. C’est pourquoi, ce jour-là même, qui était le samedi et non le dimanche, comme le croyait Mr. Fogg, ceux-ci l’attendaient dans le salon du Reform-Club.”
Entre parenthèses, Jules Verne se fiche un peu de nous, là. Car comment croire que Phileas ne sache pas la date, alors qu’arrivé en Amérique (on se souvient de l’épisode où son train est bloqué par les bisons), il devait bien être au courant du jour qu’il était, ne serait-ce qu’en voyant les journaux, qu’en réservant son billet de train, ou de paquebot pour le retour à Liverpool… Mais qu’importe, tout le monde retient cet épisode invraisemblable du livre, et il aurait été dommage qu’il se prive de ce rebondissement.
* Une explication ici (ou ici pour les marins) :
“Supposons qu’il est midi là où vous êtes et que vous alliez vers l’ouest–ceci instantanément. A quinze degrés dans l’ouest il est 11 heures du matin, à 30 degrés dans l’ouest, 10 heures du matin, à 45 degrés ,9 heures du matin et ainsi de suite. En continuant, jusqu’à 180 degrés on devrait atteindre minuit, et, plus loin encore dans l’ouest, c’est …la veille. De cette façon, si on couvre 360 degrés, on revient d’où on est parti, le temps est encore midi — MAIS hier à midi. Hé — attendez une minute! Vous ne pouvez pas ETRE aujourd’hui en même temps qu’hier ! C’est pour cela que la longitude détermine seulement l’heure du jour - et non la date, qui est déterminée séparément. Pour éviter ce problème , une ligne de date internationale a été établie, en grande partie sur le méridien 180°, où il est convenu que toutes les fois qu’on le croise vers l’ouest, on avance la date d’un jour et que on la retarde d’un jour si on va vers l’est. Cette ligne passe par le détroit de Béring, entre Alaska et Sibérie, qui ont ainsi des dates différentes, mais en majeure partie cette ligne est située en plein océan, ou il n’est pas gênant de garder le temps local.”
Le mot de la fin revient à Pigafetta, le premier tour-du-mondiste, un des premiers aussi à s’interroger sur cette histoire de jour perdu ou gagné, et auteur de cette phrase magnifique, à son arrivée du voyage héroïque :
“Personne, à mon avis, n’entreprendra jamais plus un tel voyage !”
Antonio Pigafetta, compa­gnon et chroniqueur de Magellan, après son périple de plus de trois ans autour du monde.

Lire plus...